(Pour arrêter de se fâcher contre son chien, pour reprendre du plaisir à se promener avec lui, et surtout pour comprendre à quel point ça nous fera du bien à nous, en premier).
Pour commencer, je n’entre pas dans le débat « attache ou liberté ». Alors s’il vous plaît, évitons de tomber dans le sempiternel « un chien c’est fait pour être en liberté » parce que, même si c’est vrai, il peut-être sympathique de sortir de son cas personnel pour comprendre que certaines personnes n’ont pas le choix de la laisse avec leur chien.
Cela étant dit, il va tout de même s’avérer essentiel de vous mettre à la place du chien qui est attaché, sinon il sera impossible d’aborder cet article correctement, alors qu’il est fait pour vous aider. À quoi ? À comprendre que lorsque vous sortez avec votre chien, vous avez pu avant, et pourrez après, ressortir à votre guise, pour aller où vous voudrez, et au rythme qui vous conviendra. Pas lui. Pour lui, cette sortie (si elle est de qualité) revêt une importance primordiale, tout simplement parce qu’il ne la décide pas.
C’est donc maintenant ou jamais.
Voici quelques leitmotiv simples, basés, non pas sur l’obéissance canine (qui ne m’intéresse pas), mais sur le bien-être, celui de votre chien, et par ricochet, le vôtre, et sur le bons sens éthologique.
Mon chien ne marche pas au pied (sinon il va à l’amble et c’est très mauvais pour son corps). Il ne me regarde pas comme un obsédé du travail quand il avance, et c’est tant mieux. J’ai enfin compris que :
Je vais dans la suite de mon chien car c’est avant-tout sa promenade, à laquelle je participe activement. Chaque chien a son propre rythme de croisière, selon sa personnalité, sa race, son état de santé, son âge, etc. Je vais donc avoir le privilège de découvrir l’allure personnelle de mon chien, et de le laisser en profiter. Pour que tout se déroule au mieux, je vais utiliser un harnais anti-traction de qualité adapté à mon chien (ergonomique, qui n’entrave pas les mouvements de l’avant du corps) et une longe de 5 mètres qui me permettra de faire le compromis entre l’allure de mon chien et la mienne.
Si j’utilise une longe de 5 mètres (ou davantage, car qui peut le plus peut le moins), je pourrai observer qu’en réalité, mon chien s’arrête beaucoup, et que finalement, il est beaucoup plus souvent près de moi que je ne l’aurais cru. Il renifle des odeurs, marque l’environnement des siennes, se stoppe pour regarder autour de lui, prend le temps de la réflexion pour choisir ses directions, rectifie ses trajectoires quand quelque chose le gêne… Tout ces comportements me sont étrangers. Peut-être irais-je jusqu’à affirmer que mon chien ne fait jamais ça. Mais est-ce parce qu’il est toujours en laisse trop courte, contraint de tirer, pendant que s’exerce un réflexe d’opposition entre vous ?
Je me dis que si je trouve la balade à l’attache ennuyeuse, c’est peut-être parce qu’elle l’est vraiment. Le côté répétitif de beaucoup de promenades peut avoir un effet délétère sur mon chien, et sur mon humeur. Je change donc régulièrement les lieux de balade, et les itinéraires. Je peux aussi décider que c’est mon chien qui décide où l’on va sur la première moitié de la sortie, et moi sur la seconde moitié. Je fais l’expérience du langage non verbal dans les changements de trajets, celui qui est logé dans le corps, le visage, le regard. Car si je suis capable, rien qu’en observant mon chien, d’anticiper les directions qu’il s’apprête à prendre, il en est capable également.
Je ne pense pas à mon patron qui me pourrit la vie, aux courses à faire, ou à la réunion parents-professeurs de demain. Pour une fois dans la journée, je vais prendre du temps pour moi, avec mon chien, et décider que personne ne nous ruinera ce moment. Je vais observer ce que fait mon chien, m’y intéresser, lui parler, jouer avec lui, être en présence. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il est sans doute l’être vivant qui me ressent le mieux, et que si je ne suis pas réellement avec lui, il le saura. Alors, je ne m’étonne plus quand j’ai l’impression qu’il ne m’écoute pas du tout, si j’ai passé toute la balade sur mon iPhone.
Je me lâche un peu les baskets et j’arrête de m’infliger trop de balades inintéressantes par obligation, parce que j’ai peur d’être une mauvaise personne pour mon chien, et je décide de privilégier la qualité des sorties, et ma disponibilité. Ça aussi mon chien le ressent. S’il m’arrive de temps à autre de ne pas être motivé, fatigué, malade, ou d’être trop contrarié, je prends la décision de remettre la balade au lendemain, où mon envie sera réellement là. Mon chien ne m’en voudra pas, surtout si je lui donne de quoi mastiquer, lécher, s’occuper seul. Et ce que pensent les autres, surtout sur les réseaux sociaux, n’a aucune importance.
Je fais preuve de cohérence et je comprends que cette histoire de suite en laisse courte au pied n’est pas naturelle du tout pour les chiens, sinon ils y parviendraient tous facilement, et leurs humains ne se ruineraient pas dans des protocoles d’éducation plus complexes les uns que les autres. Cette décision de me libérer de la pression sociale autour de l’obéissance canine et de la marche au pied m’appartient, et une fois que je l’aurai prise, je sais que je ne reviendrai pas en arrière. Le soulagement sera avant-tout pour moi. Mon chien lui, sera surtout heureux de me sentir plus souple, et de m’avoir retrouvé.
Audrey VENTURA
Comportementaliste – Éducatrice canin
Cynoconsult – Valenciennes
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