Le léchage est un comportement hérité de l’évolution et modulé par l’apprentissage social.

Comme tous les comportements, il comporte de multiples significations liées au contexte. Les études scientifiques montrent que le comportement de léchage chez le chien est loin d’être systématiquement une démonstration d’affection. Il peut surtout exprimer des émotions négatives, une volonté de voir un conflit s’apaiser, des troubles médicaux, etc. 

Le léchage comme souhait de désamorcer un conflit

Le léchage des lèvres ou du museau d’un autre chien est fréquemment observé dans des situations de tension, d’hésitation, de menace, de compétition. Il est un acte de soumission ponctuel dans un contexte déterminé pour une motivation valable uniquement à l’instant T. Avec l’humain, le léchage est plus fréquent lors d’interactions perçues comme conflictuelles ou stressantes que dans les contextes d’affection pure. Par exemple, les chiens se lèchent davantage les lèvres face à des expressions faciales humaines négatives ou lors de situations ambiguës, ce qui suggère une fonction de gestion du stress ou une volonté de communication pacifique. Le léchage peut survenir lorsque le chien se sent observé, quand on parle de lui en sa présence, quand quelqu’un se penche sur lui ou lorsqu’une interaction est non souhaitée, ou intense. Ici, le chien exprime son stress de proximité, une demande pacifique d’éloignement social, ou simplement d’arrêt.

Léchage lié à la gestion du stress

Un chien peut vouloir s’auto-apaiser en se léchant lui-même par exemple dans le contexte d’une rencontre canine, d’un environnement agité, d’une distance sociale réduite avec un chien ou un humain, etc. Il va alors se donner du temps en même temps qu’il se donne le change. C’est un comportement souvent observé dans les séances de reprise de la communication à distance préalables au rapprochement. Le chien se stoppe et se lèche en restant debout. Il temporise. 

Léchage dans le cadre de troubles médicaux ou comportementaux

Le léchage excessif peut aussi être le symptôme de troubles médicaux (dermatologiques, gastro-intestinaux, neurologiques…) ou comportementaux (anxiété, troubles obsessionnels). Des études montrent que des chiens présentant un léchage excessif de surfaces ou de membres souffrent fréquemment de pathologies sous-jacentes, et que ce comportement n’a alors aucune fonction sociale ou affectueuse. Dans le contexte de l’anxiété, le chien pourra se lécher (flanc, pattes, ventre), ou lécher les vitres, le carrelage, l’autre chien de la maison ou même son humain, car le comportement de léchage est auto-apaisant. Dans le contexte médical, le chien lèchera la zone douloureuse.

Léchage maternel

Chez la chienne, le léchage de ses chiots est un comportement maternel essentiel à leur survie et à leur développement, mais il ne s’agit pas d’un comportement d’affection au sens humain du terme. Le comportement maternel de léchage a principalement pour fonction le toilettage, la thermorégulation et l’élimination. Ainsi, en léchant le ventre de ses petits, la chienne stimule le réflexe d’élimination sans lequel ils ne survivraient pas.

Le léchage lié à la frustration

Il apparaît quand le chien attend un résultat précis (contact, nourriture, jeu, sortie…) mais que l’objectif est bloqué ou retardé. Il sera forcément lié à l’impatience. Dans ce contexte, le léchage de la main (ou de son propre corps) est un comportement d’adaptation, de déplacement ou de dérivation : une action alternative qui permet de décharger la tension interne sans résoudre directement le problème. Il pourra être accompagné de gémissements, de halètement, de regards insistants vers cette porte qui ne s’ouvre pas. 

Le léchage affiliatif, social, affectueux

Entre chiens, le léchage existe pour renforcer les liens sociaux et maintenir la cohésion du groupe. Quand il s’adresse à l’humain, il est l’équivalent d’un « salut amical » ou d’un comportement ritualisé, par exemple au moment des retrouvailles. 

Chez les chiots qui lèchent la bouche de leur mère, il est une demande de régurgitation ou d’attention. Chez le chien adulte, ce comportement peut persister envers l’humain d’attachement comme une manière de demander de l’attention, ou de la nourriture. 

Le léchage de contrôle

Il est rarement évoqué pourtant, il est important pour comprendre certaines dynamiques sociales inconfortables ou intrusives. Le léchage peut, dans certains cas, être utilisé comme comportement de contrôle social envers un autre chien. Il sera alors insistant et mal vécu par la cible. Pour ne pas se tromper, il suffira d’observer le chien qui le subit (grimace de dégoût ou de demande de distance, tête détournée, corps tendu, tentative d’évitement, etc.). Le comportement désagréable de léchage relève dans ce cas d’une volonté de prise d’information exagérée et de pression sociale à la fois. Il est insistant, répétitif, sans pause et s’étale de la commissure des lèvres aux oreilles, yeux, museau… Il s’accompagne souvent d’une position de soumission exagérée, position qui entrave en réalité le déplacement de l’autre et qui se veut frontale. Le léchage de contrôle pourra être exprimé dans ce contexte de testing. Dans ses éthogrammes, Alexa Capra nomme ce comportement « soumission désagréable ». Je l’ai toujours appelé « soumission fausse ». Il semble être employé pour déplacer le chien léché dans l’espace ou se déplacer soi-même sans vraiment l’assumer, tester les réactions de l’autre, jauger sa patience. Ce type de léchage est assez mal compris car interprété à tous les coups comme un comportement d’apaisement, ce qu’il n’est pas du tout. En observant l’autre chien, impossible de s’y tromper. 

SOURCES 

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(mensuelle)

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