Il est de plus en plus courant que les gardiens s’interrogent profondément sur la relation qui les lie à leur chien. Et c’est une belle chose. Mais certaines personnes viennent me voir en me demandant si elles ne sont pas “toxiques” pour leur chien.
Ce mot, souvent employé à tort, traduit pourtant une réalité : celle d’un humain perdu dans ses doutes, craignant de nuire à l’être qu’il aime. Mais une personne toxique ne se poserait jamais ce genre de question. Les personnes toxiques ne doutent pas d’elles-mêmes. Elles ne se remettent pas en cause. Elles rejettent la faute sur les autres : leur chien, leur entourage, leur coach. Celui ou celle qui s’interroge, qui cherche à comprendre, démontre déjà une forme de lucidité et d’empathie — des qualités incompatibles avec la toxicité.
Dans mes séances, je rappelle souvent une distinction essentielle : il y a la personne qu’on est, avec ses intentions, ses émotions, ses limites, et il y a nos comportements, qui peuvent parfois être maladroits ou néfastes. Ainsi, un humain peut profondément aimer son chien, tout en adoptant, sans le vouloir, des comportements qui le fragilisent. Mais ces comportements ne définissent pas qui nous sommes.
Et surtout, ces comportements ne pourront changer que quand le gardien en aura pris conscience. Alors, presque comme par magie, il comprendra qu’il en va de même pour son chien : ses
comportements ne définissent pas qui il est. Il nous faudra comprendre ensemble ses intentions, ses perceptions, ses limites… L’objectif n’est donc jamais de culpabiliser quoique ce soit, mais de comprendre ce qui pose problème. Car donner du sens à ce qui semble incohérent permet à l’humain et à son chien de retrouver confiance en eux, et en leur duo.
Lorsqu’un humain comprend que ses comportements ne sont pas le reflet de sa valeur ou de sa personne, mais simplement le résultats d’automatismes qu’il peut modifier, un véritable soulagement s’opère. Cette prise de conscience ouvre la voie à une relation apaisée, fondée sur la compréhension mutuelle. C’est dans cette nuance fondamentale et dans cet espace entre la culpabilité et la responsabilisation que naît le véritable changement. C’est là que je travaille.
Travailler sur la relation humain-chien, ce n’est pas seulement “éduquer” l’animal. C’est avant tout accompagner l’humain dans sa posture, ses émotions, et sa compréhension de l’autre espèce. Parce qu’un humain qui se sent entendu, compris et soutenu, devient naturellement plus disponible pour écouter, observer et s’ajuster face à son chien. En d’autres termes, quand l’humain va mieux, son chien aussi.
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